Du SOLEIL aux CŒURS
Amara Ghrab, c’est d’abord une présence, embrasée d’un sourire... avec cet air d’innocence qu’il a gardée, révélant par-là une personnalité étonnante de vérité. C’est aussi, avec Nadia Ghrab, un AMOUR fusionnel qui nous éclaire de la même lumière partagée. C’est enfin, cette œuvre à 4 mains, incroyable de courage que la conception de cette édition artistique parue pour l’anniversaire posthume de l’architecte-plasticien tunisien.
Avec cet ouvrage – Amara Ghrab: Peintre & Architecte épris de lumière (2025) –, Nadia nous reconnecte avec leur double réalité de créateurs : une Plume & un Pinceau. En effet, ils tentent de se réaliser pleinement après tant d’années de bons & loyaux services qu’exigent leurs professions respectives d’Enseignants-Chercheurs dans le Supérieur. Impossible, à ce niveau d’implication citoyenne qu’exige le métier d’initiateur & de transmetteur de savoir & de pratique, de se consacrer à sa propre créativité. Les domaines de la pédagogie & de l’investigation scientifique réclament une rigueur énergivore. Ils n’ont pas démérité : au témoignage de leurs étudiants.
Une compagne au cœur immense...
Signé Nadia Ghrab, le volume s’accompagne d’une rétrospective LIGNES en TRANSE, à La Maison des Arts du Belvédère de Tunis... pour clore cette fin de saison hivernale 2025 ... Occasion pour moi de renouer avec la Tunisie "des lumières", tant le rayonnement du couple GHRAB est tangible depuis leur installation au bled dans les années 80. Le dieu-soleil égyptien de l’Antiquité – رع (en arabe), Râ (en français) –, semble confirmer quelque résonance avec son homonyme tahitien : Rā ! Va savoir...
Les voies de l’exil suivraient-elles parfois des parcours hodophiles ? Question restée sans réponse, depuis notre rencontre d’alors, plus de dix ans plus tard... Tant de chassés-croisés dans les Espaces culturels mythiques de tous les possibles comme le Festival des Arts Plastiques de Mahrès. En tout cas, envie furieuse de ré-entendre leur voix, à travers enregistrements & interviews, avant d’y joindre celle des origines clanesques de ma famille AKKARI de Zarzis...
L’indépendance citoyenne
L’un comme l’autre font partie de ces générations engagées, issues de tous les Continents, conscientes des imperfections sociétales et prêtes à ouvrir une page vierge sur les décombres d’un Occident en mal de civilisations. Une disposition d’esprit en toute indépendance où se tourner vers l’avenir rime avec évolution positive. Ce qui n’est pas toujours le cas partout.
De l’Égypte de Nadia à la Tunisie d’Amara, le combat est le même : adapter l’environnement au bien-être collectif & s’intégrer au contexte. Une petite lueur dont il ne sied de se départir. Une tâche quotidienne qui mobilise la moindre perspective personnelle comme professionnelle. La Culture, son développement comme ferments de changements...
Si le soleil m’était conté ...
Ainsi émerge, de la table d’architecte d’Amara, une propension écologique avant l’heure concernant l’énergie solaire. De précurseurs, ils passent à mobilisateurs, avec les printemps arabes d’après 2011 et la constitution de l’Association Culturelle – HIPPOCAMPE, ARTS & CITOYENNETÉ –. Elle fonctionne dans le domaine de la création de spectacles, de prises de Parole, d’Événements & d’Installations Land Art, à l’oasis de Tozeur comme dans la région saharienne de Chott El Jerid.
La quête de la Lumière
Dans un pays, la Tunisie, – où Nadia "trimballe" ses racines originaires –, la lumière est prégnante : de la clarté fraîche de Sidi Bou Saïd, en passant par cette moiteur écrasante d’obscurité, jusqu’à l’éblouissement du désert, le rôle de l’Enseignant architecte-urbaniste (de l’ITAUT) oscille entre appropriation des volumes traditionnels, variations & hardiesse du bâtisseur.
Le challenge est de réussir à capter cette luminosité, utile à l’habitant actuel, comprendre & adapter les astuces traditionnelles de circulation d’air, pour le diffuser à échelle humaine, sans fausse note. Et sans chercher à créer un circuit immobilier juteux.
Le principe d’harmonie étant essentiel, il en devient l’âme : Amara compose avec les modules originels de l’habitat du sud tunisien. Ils se réduisent à la courbe & au carré... à la coupole & au cube. Ses compositions architecturales en relèvent, ainsi que les décorations d’intérieur qu’il façonne sur le même modèle...
Au bout de la lumière
Après un doctorat sur la Symbolique de l’Espace, Amara aurait débuté sa carrière professionnelle en privilégiant dans sa conception architecturale, l’aspect bien-être de son destinataire. Mais c’est aussi sur le plan de la spiritualité qu’il va porter sa réflexion ainsi que sur sa manière d’être et de croire.
La ligne courbe, le cercle représentent l’espace céleste... Le cube, l’espace terrestre. Ces éléments prennent tout leur sens dans la configuration qu’il conçoit pour ses projets comme pour ses cours.
Pourront se déceler des atmosphères soufis... bien connues dans le contexte historique de la Tunisie... Parallèlement, c’est une discipline intérieure, une relation aux instances spirituelles qui marqueront la personnalité d’Amara Ghrab. D’égalité d’humeur, peu loquace, il manifeste cependant de l’intérêt pour son interlocuteur...
Une symbolique à toute épreuve
Le Dialogue pour principe ; la bivalence entre droite & arc... entre cube & sphère... Amara les combine sur la surface plane de ses tableaux pour en faire saillir la lumière... 160 pages pour que vous en tiriez les principes de glissements sous masses colorées, d’émergence sous tache... & autres effets d’illuminations ou de transparences...
Cette même étincelle se retrouve dans les Nouvelles qui composent le recueil de Nadia, paru en 2019 aux éditions Arabesques : Dépassements. Localisées entre Bretagne, Égypte & Tunisie... elles touchent sans distinction, la plupart des milieux sociaux... Si la thématique envisage les barrières auxquelles y sont confrontés les humains, la chute de chacune des 8 nouvelles, semble offrir une solution : du moins pour le lecteur...
Nos deux créateurs, lâchant les brides «objectives» auxquelles les soumettaient leurs professions respectives, ont expérimenté avec le même bonheur les «contraintes subjectives» que s’imposent les créateurs :
Liberté... Liberté... Liberté... .
Un programme qu’ils ne sont pas prêts d’oublier... Une Aventure inscrite dans les gènes... Ça ne s’achève jamais...
Un article de Monak
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